84                           HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
seront remplacés par les fleurs de lis apportées du ciel par un ange.
Ainsi les panneaux de l'Histoire de Clovis jouèrent un rôle dans . les fêtes célébrées à l'occasion du mariage du dernier duc de Bour­gogne, il ne peut y avoir de doute à cet égard. Nous avons donc là un spécimen authentique d'une fabrication dont il subsiste aujour­d'hui fort peu de types.
Parmi les tentures qui reparaissent le plus souvent sur les comptes de la trésorerie de Bourgogne, il én est une qui semble avoir été .l'objet d'une sollicitude particulière. Elle représentait le Roi de France au milieu de ses douze pairs. Serait-ce la pièce exécutée par Jean Cosset pour Philippe le Hardi, dont il a été question plus haut? Impossible de rien affirmer.
Dans ses Monuments de la monarchie française, dom Bernard Montfaucon cite une tapisserie sur laquelle était figuré le Cou­ronnement de Charles VI au milieu de ses pairs, conservée de son temps dans la chapelle impériale de Bruxelles. Il donne ùne gravure de ce curieux sujet; nous l'aurions fait reproduire si le dessin publié par le savant bénédictin avait conservé quelque vestige du caractère de la pièce originale. Mais l'interprétation en est tellement gauche, qu'elle a presque l'air d'une caricature.
Est-il téméraire de supposer que la pièce conservée à Bruxelles provenait des ducs de Bourgogne, comme une bonne partie des trésors transmis à Charles-Quint par Phihppele Beau? On sait que les principales richesses de la bibliothèque royale de Belgique forment lin fonds dont le titre même indique l'origine; il porte encore le ' nom de bibliothèque de Bourgogne. Ainsi quantité cles plus rares curiosités, amassées par les princes opulents qui avaient uni la Bourgogne et les Flandres sous leur domination, 'se retrouvent dans les inventaires de Charles - Quint et de ses successeurs. C'est là qu'il faut les chercher.
Le désastre et la mort du Téméraire devinrent le signal de la ruine des ateliers d'Arras. Leurs destinées étaient intimement liées à la fortune de la maison de Bourgogne. Les chefs de cette maison avaient plus fait qu'aucun autre prince pour la prospérité de la tapisserie; aussi la fin misérable du dernier duc porta un coup mortel à l'industrie de l'Artois. La prise de la ville d'Arras par le